L’entre-deux – (suite du n°11 de juin 2013)

Oh !
Déchiré ! Tout déchiré ! Deux morceaux dans les mains…. Seuls les fils de broderie…. L’oeuvre enfin achevée, tout à coup anéantie ! Pas possible ! Ce n’était pas possible ! Longtemps les larmes de l’enfant piquent derrière les paupières et tout à coup ne tarissent plus. Elle n’oubliera pas le bruit du tissu quand
il se déchire et le silence qui suit. Démunie, la veille de la fête. C’est alors que Tante Gaby prend doucement
la tête de I’enfant contre elle et sans rien dire ouvre sa boite précieuse, celle qu’on n’avait pas le droit de toucher. Après un instant de fouille, elle retire un morceau de dentelle fine, long et étroit. Elle mesure.
Le bruit de la pédale en fer forge retenti quelques instants. L’aiguille de la machine s’enfonce à vive allure sous les yeux mouillés et si inquiets de I’enfant. L’entre-deux de dentelle est bien ajusté. Par points discrets, il rassemble les deux morceaux blessés. Aussi beau qu’avant le napperon de la fête des mères ?
Si, pour toutes les blessures, il pouvait exister un regard pour discerner et des mains pour réparer !
Aussi beau qu’avant, le napperon de la fête des mères.
Enfin… presque.